jeudi 4 avril 2013

Compte-Rendu de la conférence sur les Rythmes Scolaires




François Testu, pionnier dans le domaine de la chrono-psychologie, professeur hémérite de l'université de Tours, était l'invité de la FCPE le 2 avril 2013. 

Voici les principaux points que l'on a pu retenir de son intervention.


Tout d'abord monsieur Testu a brossé un tableau de l'histoire de la construction des rythmes scolaires.


Initialement au début du vingtième siècle  seuls les jeudis et les dimanches étaient fériés. Le jeudi était consacré à l'éducation religieuse.

L'introduction d'un demi-jour de congé le samedi à fait décaler le jour de congé de mi semaine du jeudi au mercredi.

La plupart des périodes de vacances reposent sur des bases historiques, économiques ou culturelles. Ces contraintes sont celles des adultes, elles ne sont pas nécessairement liées au rythme biologique de l'enfant.

  • les vacances de février sont apparues pour développer les stations de sport d'hiver (suite aux jeux olympiques) ;
  • la mise en place du zonage permet de mieux exploiter les services touristiques.
Puis, en 2008, toute La France est passée à la semaine de quatre jours. Un état des lieux a ensuite été demandé par Luc Chatel, pour faire le point sur ces quatre jours. La conclusion unanime de tous les participants (experts, enseignants et parents) était que le passage aux quatre jours était une erreur. François Testu défend de longue date la semaine de quatre jours et demi couplée avec une activité péri-scolaire, ce qui est le socle de la réforme actuelle.


François Testu a ensuite présenté ses propres études.

Sur la période de l'année il observe deux périodes de fatigue ou de faiblesse :

  1. fin février-début mars
  2. fin octobre début novembre (Toussaint)
Pour les adultes la première période est nettement plus fatigante que la seconde.

Pour les enfants c'est l'inverse. La Toussaint est une période de grande fatigue, d'où l'importance d'avoir 2 semaines de congés à ce moment là.

Le premier trimestre actuel couvre 40% du temps d'apprentissage ce qui le rend très fatiguant.
Les vacances de Noël ne sont pas très reposantes, pas même pour les enfants.

Le rythme de l'enfant repose sur 3 bases :
  • le sommeil
  • les variations journalières 
  • les périodes annuelles
Le sommeil

Les enfants ne sont pas tous égaux face au sommeil.

Il faut noter que la sieste est très importante pour les jeunes enfants, parfois jusqu'à 6 ou 7 ans. L'idéal serait de permettre aux enfants de se reposer selon leur propre rythme. Mais ce type de pratique est difficile à mettre en place.

Les variations journalières.

François Testu a mis au point des protocoles pour mesurer le niveau de vigilance des enfants à l'écoles. La courbe qu'il a obtenue à été confirmée par d'autres expériences menées dans d'autres pays et à d'autres époques (par exemple en 1936 à Rennes)

Elle montre un pic de vigilance en fin de matinée et un creux en début d'après-midi.


F. Testu a présenté les résultats très concrets de tests effectués sur des enfants de CM2 sur une opération arithmétique (règle de trois).

La courbe subit une légère inflexion le lundi, le week-end perturbant très largement le rythme des enfants qui ont besoin d'un jour, parfois deux, pour se recaler. Les courbes de vigilance sont parfois alors inversées, mais toujours en dessous des courbes normales.



Voici des courbes montrant le niveau de vigilance durant la journée.














Des études effectuées dans des écoles passée aux 4 jours sans tissu associatif développé montrent également une inversion de la courbe de vigilance (comme le lundi). 

Il a ainsi attiré notre attention sur l'importance de l'animation périscolaire dans le dispositif proposé qui éviterait cette inversion de courbe.



Quatre principaux enseignements peuvent être tirés des recherches évaluatives de terrain :
  1. Les variations journalières des performances intellectuelles sont plus présentes chez les élèves qui ne maîtrisent pas encore la tâche qu'ils sont en train d'apprendre.
  2. Les activités éducatives périscolaires et extrascolaires contribuent à l’épanouissement physique et psychique des jeunes.
  3. La semaine dite de quatre jours « secs » désynchronise la rythmicité journalière et affaiblit les performances d'apprentissage des enfants.
  4. La libération du temps n’est pas obligatoirement synonyme d’épanouissement.
 




François TESTU a présenté certains graphiques illustrant l'importance grandissante de la télévision dans la vie de l'enfant.









Quelques questions/réponses

Choix de la demi-journée :le samedi ou le mercredi ?
François Testu préfère le samedi. Il a parfois observé de meilleurs résultats le samedi. Néanmoins les différences ne sont pas très significatives à ses yeux et le mercredi convient tout à fait.

L'horaire proposé à Betton
L’horaire proposé à Betton convient. Il a laissé entendre une petite préférence pour un début à 9h plutôt que 8h45, mais cela reste parfaitement acceptable et largement préférable à un début de journée à 8h30.

Les quatre jours ne fonctionnent pas trop mal en Bretagne?
F. Testu admet qu'en Bretagne le modèle des quatre jours ne semble pas avoir d'effet très important par rapport au quatre jours et demi sur le plan de la réussite scolaire, en comparant les résultats de la région aux résultats nationaux. Néanmoins il a observé que les enfants étaient plus fatigués car leur courbe est inversée.

Que va changer les quatre jours et demi pour des enfants qui passent beaucoup de temps à l'école
F. Testu a rappelé l'importance d'avoir une qualité d'encadrement durant le temps péri-scolaire. La fatigue durant la période d’enseignement est plus importante que durant les activités péri-scolaires. Les enfants qui utilisent déjà largement les services de garderie ou de centre de loisirs n'auront pas de nette évolution de leur temps "en dehors de leur lieu d'habitation", en revanche, les périodes d'apprentissage seront mieux étalées.

Frédéric Tirot (ajoint au maire de Betton) a rappelé le processus de discussion autour du projet péri-éducatif.